Texte de Lionel Allard, historien, Alain Côté, ethnologue et de Jean-Rock Viens, responsable des Fêtes du 25e anniversaire de la desserte de Jouvence – 1993. Enrichi par Réjean Savard – 2024.
Quartier de tous les possibles !
Le quartier Jouvence voit le jour à l’été de 1959 et officiellement créé en avril 1960, sur les terres de M. Arthur Boivin.
Dès le 1er août 1959, un premier résident M. Maurice Fortin s’y installe avec sa famille. Puis le 27 août, M. Paul-Émile Tremblay suivi le 1er septembre par M. Yvon Germain, le 15 octobre, par M. Marcel Trudel, le 28 octobre par M. Henri Tremblay et le 1er décembre par Léonce Nolet.
Monsieur Yves Germain, premier promoteur et constructeur avait songé à lotir près du Lac Saint-Augustin un complexe de 1000 chalets, dans un aménagement boisé, devant se prolonger plus tard vers l’Ouest. Mais se rendant compte que ces futurs clients étaient plus désireux d’acquérir une résidence qu’un chalet, il convertit son projet en un développement résidentiel.
Monsieur Léonce Nollet était l’entrepreneur en construction engagé par Monsieur Yves Germain. Il a bâti de ses mains toutes les maisons de Jouvence sous ce promoteur. Il se souvenait de chaque maison, chaque clou et chaque particularité des maisons et des familles qui les habitaient. Le bâtisseur, charpentier menuisier de formation, était un fier résident de Jouvence. Il y est demeuré jusqu’à l’âge de 84 ans.
Ce quartier devient célèbre à son « Arche » installée en juin 1960, à l’entrée du quartier avec l’inscription JOUVENCE. Probablement une des dernières arches au Québec. Elle tomba par le vent au printemps de 1971, bloquant ainsi l’accès au quartier et donnant congé d’école aux étudiants du quartier qui devaient aller soit à l’École Saint-Ange, l’École Saint-Denis, au Collège Champigny et à l’École Saint-Charles de l’Ancienne-Lorette pour les plus vieux.
Monsieur Yves Germain installa à ses frais, les premières infrastructures, aqueduc et égouts, collecte des déchets et une usine d’épuration des eaux (rue de Navarre) évaluée à 40,000$ que la Municipalité de l’Ancienne-Lorette refuse systématiquement de payer. Mesurant 42 pieds de longueur, sur 39 pieds de largeur et 15 pieds de profondeur, le bassin compte quatre compartiments. Les eaux d’égout y sont d’abord oxydées puis activées au moyen de trois pompes qu’actionne chacune un moteur de cinq chevaux. Les eaux usées sont ensuite chlorées puis rejetées dans la rivière du Cap-Rouge, qui traverse le quartier. L’usine cessa ses opérations en 1974.
Madeleine Germain et Yves Germain, étaient aussi très généreux et reconnaissants, offrant à chaque famille pour la fête de Noël, pendant les premières années, une magnifique dinde à mettre sur la table au Réveillon.
Les propriétés offertes à un montant d’environ 11 000 $, comprennent une somme de 700 à 1300 $ de coûts d’infrastructures.
À la fin de 1959 quelques maisons sont ériger, 35 en 1960, 100 en 1961 et 175 1962. Quant aux rues du quartier, elles n’ont pas été baptisées à la légère. La rue Abbé Pierre veut rappeler le nom de ce prêtre français, ami personnel de monsieur Yves Germain, le promoteur, qui a voué sa vie aux démunis, aux moins nantis, aux défavorisés de la terre. La rue Abbé-Pierre fut asphaltée en 1960. D’autres artères s’inspirent de Paris, la Ville Lumière : pensons aux noms Champs-Élysées, et Tuileries.
L’équipe de quilles, de gauche à droite : Léonce Nollet, ?, Raymond Jobin, ? Tremblay et Paul Blanchette.
Par ailleurs l’appellation Notre-Dame-des-victoires veut souligner la collaboration, à cette époque, entre le curé de cette paroisse de Québec et monsieur Yves germain dans le but de soulager les pauvres du Vieux-Québec.
Quant aux noms Saint-Yves, Thivierge et Huot, ils veulent immortaliser la mémoire des principaux responsables du projet Jouvence, Yves germain, André Thivierge (agent d’immeubles) et Gerry Huot (comptable chez Yves Germain Inc.).
Un premier journal local, le journal Jouvence est né en décembre 1960, dans le rédacteur est monsieur Roland Jobidon, professeur. Par la suite il en eut un second le C.L.A.C. dans les années ’70. Le premier camelot sera Claude Savard (Gemma).
On réclame aussitôt les services municipaux scolaires et religieux. Le 12 mars 1961 et fondé la Ligue des Citoyens de Jouvence, que préside monsieur Paul Racine. L’arrivée massive de nouveaux citoyens aux familles nombreuses nécessite des projets d’école, d’église et de Centre commerciaux.
La petite École Champigny du boulevard Hamel (R.R. 2) ne répond guerre aux aspirations des premiers résidents. La Ligue fini par obtenir la construction d’une école de quartier, inauguré le 8 janvier 1962. Avant l’ouverture de l’école Jouvence, les étudiants faisaient classe au sous-sol de chez Mmes Bellerive et Brouillette. Pendant l’hiver 1961-1962, des bénévoles du secteur Jouvence aménagent une patinoire à l’entrée du quartier (Sur l’emplacement du Marché Jouvence, actuelle Garderie aujourd’hui). Dès l’automne de 1962, grâce à un comité sportif, on se met d’accord pour ériger une patinoire et un chalet sur la rue Huot près du boulevard Saint-Vincent. MM. Marcel Trudel, Marcel Tremblay, Claude Germain, Yvon Germain, Claude Turcot, Gabriel Lachance, René Lecompte, Léopold Blais, Jean-Yves Ruel et Benoît Demers, seront les pionniers du loisir organisé à Jouvence.
En novembre 1963, un Comité des dames se joint à celui des hommes pour l’organisation de soirée pour les jeunes et pour le financement de nombreuses activités (Bazars, ventes de charité, festival d’hiver, terrain de jeux, soirées de cartes et bingos), avec Mmes Raymond Ducas et Raymond Marini en tête soutenues de Mmes Claire Germain, Claudette Blais et Fernande Savard. L’été le chalet de la patinoire servira au terrain de jeux avec à l’animation; Mme Huguette Bertrand et M. Pierre Bérubé.
Loin de l’Église de l’Ancienne-Lorette, on réclame des services religieux dès le début et le curé Émile Létourneau accepte finalement la célébration d’une messe à Jouvence les dimanches et fêtes. Ses exigences sont rapidement satisfaites pour rassembler les vêtements sacerdotaux, vases sacrés et le nécessaire pour les besoins du culte. Le premier autel et son tabernacle fut réalisé par MM. Bruno Savard et Marcel Marcotte ainsi que le confessionnal et les bases de chandeliers. Le 28 octobre 1962, une première messe (En latin, récitée dos aux gens) était chantée dans la salle (qui servait aussi de gymnase) de l’École Jouvence. Les premiers sacristains étaient MM. Paul Blanchette, Raymond Ducas et Claude Gagné. Les placiers et constables, MM. Lucien Dubé, Claude Gagné, Victorien Gagné et Léo Tanguay. Le Minuit Chrétien était réservé à M. Rosaire Péloquin pendant que la première chorale était dirigée le 21 janvier 1963 par Jean-Roch Viens. M. Paul Blanchette dirigea la chorale. Pour l’occasion, l’organiste, madame Lucille Normand-Roussel, touche un vieil harmonium acheté au coût de 75$.
En 1965, fin de la messe en latin, ce sont les prestations du dimanche de M. Marc Legrand, organiste, et l’arrivée des « Messes à gogo ». Puis virent les organistes M. Mario Paré, M. Gaétan Lessard, M. François Michaud, Mme Céline Fiset, M. Roger Bonin et le jeune prodigieux Gaétan Bernier avec à l’animation Sr Ghyslaine Houde, sc.
De 1962 jusqu’au 25ième anniversaire de 1988 neuf prêtres auront assumé la charge de s’occuper de la population, après les six premières années de service du clergé de l’Ancienne-Lorette. MM. Bruno Moffet – 1968-1970, Eudore Deblois – 1970-1976, Daniel Gauvreau – 1976-1978, Michel Poitras – 1978-1980, Yves Lasnier – 1980-1985, Fernand Rajotte – 1985 -1987, Léonce Gosselin- 1987-1889. D’autres prêtres sont également venus aider; Lucien Pageau, Maurice Paquet, Maurice Beauchemin, Alfred Hamel, René Paquet, Pierre Morissette, Robert Trottier, Claude Couture et Pierre-René Côté.
Le premier baptisé à Jouvence est Vincent Laberge fils de Raymond et de Denise Paradis, le 13 janvier 1974 par Eudore Deblois. La première naissance : Martine Nollet fille de (Léonce), le 27 décembre 1959, suivi de Jean-Pierre Germain fils de (Yvon), le 27 avril 1960.
Lors de l’annexion du Quartier Laurentien de 1971, la Ville de Sainte-Foy prendra en charge le secteur des loisirs. Ainsi, succèdera à la Ligue des Citoyens de Jouvence, le nouvel organisme ; Loisirs Laurentien qui sera animé d’un dynamisme hors du commun avec MM. Maurice Latour, Raymond Laberge et Jean-Paul et Colette Duguay. Les deux animateurs représentants de la Ville seront successivement et tout aussi stimulant, MM. Jacques Drolet et Jean-Guy Toussaint.
En juin 1974 sera fondé le groupe charismatique, en octobre 1977, la troupe des scouts et guides de Jouvence. Le club de l’âge d’or : « La fontaine de Jouvence », et mis sur pied le 30 novembre 1983 et l’Association pour le développement communautaire de Jouvence, nait le 11 avril 1984.
Tout cela n’aurait pu se réaliser sans le support indéfectible des citoyens et citoyennes de Jouvence, et des secteurs avoisinants, entre-autres les ; François Valin, Jean-Paul Desrosiers, Jacques Bureau, Paul-Émile Fillion, Juliette Fiset, Marius Bérubé, Laurent Brie, Mme Couture, Roger Gaudreau, Réal Blackburn, Lisette Bissonnette Lucie Savard, Jeannette et Hervé Fiset, Marcel Fiset, Madeleine Tremblay, Louise Bolduc, Pauline Gagné, Pauline et Jean-Marie Dubois, Léo Bernard, Joachim Perron, Monique Baillargeon, Claudette Dubois, Guy Filion, Conrad Verret et Réjean Martel.