L’histoire de la paroisse Saint-Thomas d’Aquin
Texte de Marie-Thérèse Maillette – 1991
Dans le prolongement du 40e anniversaire de fondation de la paroisse et en reprenant le thème de Francine Leroux-Bérubé du « quartier-paroisse », madame Marie-Thérèse Maillette a tracé, le 14 novembre 1990, l’histoire à la fois des débuts du quartier (à partir du règlement V–73: division de la Ville en six quartiers, 11 septembre 1953) et de la paroisse (décret canonique du 25 mars 1950). Elle en a précisé les limites et il a remonté dans l’histoire de la Seigneurie de Sillery et du fief Sainte-Ursule : jésuites, ursulines, Jean Talon, James Murray, John Caldwell… Plus localement, avec la subdivision des lots, elle nous a fait saluer au passage les Belleau, Crawford, Antoine Parent, supérieure du Séminaire de Québec, les Côté, Rochette, Myrand, Bélanger et les Frères des Écoles Chrétiennes, qui imprimèrent leurs marques sur le quartier actuel.
Dans les premières décennies du siècle dernier accourent d’abord un épicier prospère du Faubourg Saint-Jean (1918) puis le constructeur Émile Côté et d’autres… Du paysage pastorale au mode de la vie campagnard que recherchaient ses nouveaux arrivants se tisse peu à peu le tissu urbain d’un quartier. La poussée démographique des années trente encourage les propriétaires terriens à lotir leurs terres. L’établissement de la Cité universitaire précipite le peuplement de 100 familles en 1950; on érige des « blocs-appartements » et on inaugure successivement trois écoles entre 1950 et 1956. Suivent l’église et le presbytère.
Alors on assiste à l’évolution du quartier-paroisse : l’auditoire en perçoit le rythme décennie par décennie avec l’œuvre successive des curés et des activités communautaires. Le curé-fondateur, l’abbé Charles-Henri Paradis, fera œuvre de pionnier et de défricheur : constructions, organisations, écoles et terrains de jeux. L’abbé Roger Boisvert prendra la relève en 1970 et assurera une organisation des laïcs encore plus dynamique en réorganisant les loisirs culturels grâce à l’Association paroissiale sportive et culturelle (APSEC). On aménagera au sous-sol de l’église un centre communautaire en 1973 et les divers groupes – cercle d’artisanat, Madame prend congé, l’Âge cordial, le comité des arts, le comité d’accueil… – y exercent leurs activités dans l’enthousiasme et dans l’amitié.
Avec les loisirs bien organisés, une subvention et les services d’un animateur fourni par la Ville de Sainte-Foy, l’APSEC a recruté beaucoup de bénévoles et est parvenue à obtenir des citoyens du quartier une excellente participation. Ce furent des années intenses à Saint-Thomas d’Aquin.
Cependant, il arrive un jour qu’on doivent séparer « l’Église de l’État », c’est-à-dire départager afin de répondre aux vœux du Service des loisirs qui veut bien subventionner le loisir, mais non la pastorale. On procédera alors à la refonte des règlements, on favorisera une incorporation et on regroupera les loisirs de caractère pastorale tels le Réveillon pascal, l’Accueil et les autres au Conseil paroissial de pastorale, soit le C.P.P. et le Centre communautaire sera le lieu de leurs rencontres. Les autres comités deviendront les Loisirs Saint-Thomas de Sainte-Foy Inc. Ils logeront au Centre des loisirs en occupant une partie de l’école désaffectée au 895 de la rue Myrand.
C’est au même moment, soit dans l’été de 1979, qu’on aménage le parc en utilisant la cour de récréation des deux écoles et une partie du stationnement de la fabrique. À l’inauguration, j’étais présidente des loisirs et j’ai souhaité, dans mes propos, que les sentiers du parc soit des traits-d’union entre église–loisirs, paroisse–quartier. Avant de quitter la paroisse en 1982, monsieur Boisvert célébrera ses 25 ans de sacerdoce, et ce meneur d’homme n’aura laissé personne indifférent : il aura eu constamment le souci de revivifier le cœur de ses paroissiens. L’abbé Gérard Lemay lui succèdera, sauf que le nouveau pasteur ne pourra plus, hélas, compter sur autant de vicaires permanents qu’auparavant. Il ajoutera pourtant une présence assidue et pastorale intense à ceux qui seront malades, un appui vivace au C.P.P. et il poursuivra sa tâche au cours de son deuxième mandat.
Le quartier a 40 ans. La conférencière nous rappellera les événements majeurs de ses années : l’incendie à l’institut Saint-Jean-Bosco en 1949 et en 1955, qui obligeront à cesser l’enseignement de l’agriculture, bâtiments et ferme n’étant plus désormais reconstruits ; l’accueil, dans la paroisse, en septembre 1984, de Jean-Paul II… Elle soulignera la carrière de deux concitoyens et qui ont fait leur manque sur la scène municipale : Benoit Morin et Noël Carter. Elle évoquera ensuite les diverses et nombreuses communautés établies dans le territoire : prêtres des Missions étrangères, pères Blancs d’Afrique, religieux de la Saint-Vincent-de-Paul, les Frères des Écoles Chrétiennes ou Maristes, religieuses de l’Enfant-Jésus et autres.
Deux cimetières existent dans le quartier : Belmont et celui de la communauté juive. Deux stations télévisuelles y ont aussi leurs bureaux et leurs installations, de même que plus de 500 commerces recensés par la Communauté urbaine de Québec.
Parmi ces maisons d’affaires mentionnons la Caisse populaire. Il a été fondée le 17 mars 1955. Elle a eu 35 ans cette année. Du sous-sol de l’école, à la résidence du secrétaire-général, elle occupe ses locaux actuels depuis le 15 décembre 1962. Elle compte 5454 sociétaires et son actif est de 38 millions de dollars. Elle a suivi l’évolution rapide de l’informatique. À son guichet automatique du Provi-soir, il s’effectue 16 000 opérations mensuelles. Elle opère la caisse scolaire dont 93 % des élèves sont des déposants.
Son directeur général envisage des projets pour continuer sa croissance. Le verrons-nous se fusionner à une autre caisse pour fournir à ses sociétaires un éventail plus étendu de service?
S’impliquera-t-elle dans des projets contribuant à l’amélioration de la qualité de la vie de quartier, tels l’embellissement de l’avenue Myrand et la construction de logements répondant aux besoins des gens retraités aux revenus limités.
Toujours sur l’avenue Myrand se trouve la Banque Nationale. Elle est née de la fusion de la Banque Canadienne nationale et de la Banque Provinciale. Son gérant entrevoit l’avenir avec confiance. Il trouve que ça manque située à un carrefour d’institutions d’enseignement supérieur, qui ne peut-être que propice au succès.
La situation géographique du quartier et unique. L’Université Laval est dans notre cour et deux importants collèges, Sainte-Foy et Garneau, sont construits dans nos limites. Entouré par d’autres maisons d’enseignements situées aux portes du territoire, le St-Lawrence College, Bellevue, Jésus-Marie, nous sommes avantagés. Cette proximité favorise la venue d’une population peut-être flottante, mais recherchée par les commerces. Les dépanneurs, les épiceries, la banque, la Caisse populaire, et l’église bénéficient de la présence de tant d’étudiants et d’étudiantes habitant le quartier. C’est aussi une source d’enrichissement intellectuel.
L’avenir de la paroisse et du quartier suggérera à madame Marie-Thérèse Maillette cette interrogation préoccupante : Que sera Saint-Thomas d’Aquin en l’an 2000? Des projections ont été faites par des administrateurs, des gens d’affaires. Pour sa part, notre curé est préoccupé pour l’avenir de sa paroisse. Le manque de prêtre fera se regrouper les paroisses afin de pourvoir administrer les sacrements. Les laïcs auront un rôle important à jouer. L’union fait la force. Tout comme la Caisse populaire qui entrevoit une force en s’unissant avec d’autres caisses. Pourquoi les gens de quartier ne ses regrouperaient-ils pas pour promouvoir leurs idées? Les aînés, et nous sommes nombreux, aimeraient vieillir dans le quartier qu’ils ont bâti, où peuvent-il se loger? C’est ensemble qu’il faut continuer! C’est ensemble qu’il faut demeurer!
Les fêtes du 40e anniversaire ont fait bouillonner à la fois réminiscences, souvenirs, interrogations. Elles ont illustré, grâce aux photos qu’on a exhumées des tiroirs, les multiples et méritoires jalons de la première paroisse surgie du Sainte-Foy contemporain. En avant donc, ce sont dit déjà les citoyens de Saint-Thomas-D’Aquin, vers le cinquantenaire! Et plus encore de plus petite à redécouvrir et à consigner!