Nos premiers immigrants
La vallée du Saint-Laurent commence à se peupler, il y a environ dix mille ans. Des recherches archéologiques, faites depuis 1959, viennent d’ailleurs confirmer la présence de populations amérindiennes sur le territoire de Sainte-Foy : ils y exploitent les ressources naturelles. La présence humaine en territoire fidéen remonterait, suivant les connaissances actuelles, à plus de 4000 ans.
Ces populations règlent leur vie sur les cycles saisonniers. La communauté d’alors vit de la chasse, cultive le maïs, la courge et le tournesol, tout en exploitant les ressources aquatiques du milieu. La pêche à l’anguille est particulièrement recherchée à l’endroit connu, aujourd’hui, sous le nom de Pointe à Puisseaux.
En 1650, le Père Jean Dequen, jésuite, parlant de cette pointe où s’élève aujourd’hui l’église Saint-Michel de Sillery, écrit que les Amérindiens y possédaient un « droit (…) de temps immémorial. » Si on réfère au livre de Danielle Dion McKinnon, Sillery au carrefour de l’histoire, ce sont les nations algonkiennes qui, vers 1600, occupent en grande partie les rives du Saint-Laurent. Mais comment alors expliquer la présence des Hurons, des Iroquois… dans la région de Québec ? C’est qu’au printemps, les Algonkiens nomades et les Iroquois semi-sédentaires se donnent rendez-vous, sur les rives du Saint-Laurent, pour échanger leurs produits… » ajoute l’historienne.
Jacques Cartier à Sainte-Foy
La première tentative française de peuplement permanent, dans la vallée laurentienne de l’ère post-médiévale, a lieu à l’embouchure de la rivière Cap-Rouge, territoire de Sainte-Foy jusqu’au milieu du XIXe siècle. Le commandant de cette entreprise de colonisation est le sieur de Roberval, ayant à ses ordres le découvreur et explorateur européen du Canada : Jacques Cartier.
Les cinq navires de Cartier arrivent, en août 1541, au Cap-Rouge, lieu que le découvreur nomme Charlesbourg-Royal en l’honneur de Charles d’Orléans, le troisième fils de François 1er. Comme Cartier revient sans la présence d’une dizaine d’Indiens qu’il a pour la plupart kidnappés à son deuxième voyage, il a peur que la colère des Amérindiens se manifeste… Aussi cherche-t-il un coin stratégique, ce qu’il trouve à Cap-Rouge. Il y construit deux forts, l’un au sommet du promontoire et l’autre à sa base.
Au printemps 1542, Roberval n’arrivant pas, Cartier fait voile vers la France apportant avec lui des diamants et de l’or qui se révèlent faux. À la fin de l’été 1542, le sieur de Roberval lui succède, au même endroit, qu’il rebaptise France-Roy. L’année suivante, Roberval met fin à l’essai de colonisation, non sans avoir traversé un hiver pénible qui vit son équipage considérablement décimé par le scorbut.
Les iroquois rôdent
Oubliant les premières manifestations de l’agression iroquoise, le futur fondateur de Montréal, le sieur de Maisonneuve, s’installe dans la maison de Pierre de Puisseaux, le seigneur de Sainte-Foy. Au cours de l’hiver 1641-1642, Puisseaux fournit à Maisonneuve et à son équipe, tout le bois nécessaire à la construction des embarcations qui les conduiront, le printemps venu, à Hochelaga (aujourd’hui Montréal).
Comme les hostilités des Indiens s’accroissent d’année en année, les Jésuites jugent prudent, en 1646, de fortifier la mission de Sillery par une palissade de bois. On lui substitue un fort de pierre en 1650. Cette année-là, le 11 mai, aux petites heures du matin, deux colons sont massacrés par les Iroquois ; d’autres habitants du Cap-Rouge subissent le même sort par la suite.
On désigne alors sous le nom de « Cap-Rouge », le territoire qui correspond aujourd’hui au Cap-Rouge, à la Pointe-Sainte-Foy et à la plage Jacques-Cartier. La petite communauté des colons ne peut compter sur d’amples secours en provenance de Québec qui n’est alors qu’un humble village ; la liaison terrestre avec Québec se résume à un chemin qui, déjà, s’appelle la Grande-Allée.
Le 19 avril 1654, sept colons de la zone de Cap-Rouge signent avec Louis de Lauzon, le seigneur dont ils sont les censitaires, une convention suivant laquelle tous établiront leur résidence dans un fort destiné à garantir leur protection : en outre, toutes leurs terres respectives seront considérées comme un seul bien commun pendant le temps que durera la convention. Le fort accueille ses résidents à l’été 1654. De plus, on érige une redoute défensive, sur un îlot de roc, près du rivage. Certains historiens pensent que cette île se situerait au sud-est de l’actuelle rue Terrasse Saint-Laurent.
Les premiers censitaires de la « Seigneurie de Sainte-Foy »
Pierre De Puiseaux seigneur de Montrénault, en France, de Saint-Michel et de Sainte-Foy, en Nouvelle-France (1641) – Jacques Raté, (11 mars 1660) – Mathieu Amiot, (3 janvier 1661) – Thierry Delestre le Wallon – Claude Bouchard dit Dorval – Antoine Martin dit Montpellier – Marin Pin – Nicolas Pelletier – Étienne Denevers – Antoine Brassard – Jean-Paul Godefroy – Louis Fontaine – Julien Quetin – Antoine Marette – Romain Duval – Jacques Sevestre – Philippi Nepveu – Thomas Hayot – Nicolas Goupil – Jean Jobin – Marie Gauchet – Madeleine Pénart de l’Isle – Gilles Hénart – Claude Charland – Pierre Masse – Jean Nouet (Noël) – Nicolas Patenôtre – Jean Lemire – Maurice Arrivé – Nicolas Pinel – Mathurin Trut – Jean Pelletier – Ignace Bonhomme – Guillaume David – François Labbé – Charles Noland – Jacques Fournier – Étienne Parpaillon – Barthélémy Godin – Gilles Pinel – Pierre Pluchon – Guillaume Constantin – Julien Brassard – Pierre Dubois-Morel – Jean-Baptsite Delarue – Sébastien Liénard – Nicolas Bonhomme – Pierre Petitclerc – André Maufay – François Bonhomme – Louis Laporte de Louvigny – François-Mathieu Martin de Lino – Louis Lefebvre – Simon Chapacou – Pierre Levasseur – Gabriel Guersaut – Michel Legardeur – Jacques Lemeilleur – Nicolas Deroissy – Charles Hamel – Pierre Cochereau – Pierre Normand – Gervais Buisson – Pierre Pinguet – Jean Neau – Nicolas Morin – Noël Pinguet – Jean Morin – Étienne Sédilot – Antoine Rouillard – Pierre Maufay – Jacques Duchesne – Guillaume Bonhomme – Hubert Simon – Louis-Théandre Chartier.
Source : Campeau, L. (1993). Le Fief des Sauvages et l’organisation de Québec. Les Cahiers des dix, (48), 9–44. https://doi.org/10.7202/1015601ar
Les Hurons sous la protection des Jésuites
La petite colonie sait se développer malgré la guerre iroquoise : en 1667, la communauté de Sainte-Foy compte 150 familles, soit presque la population qu’elle aura vers 1920. Il semble que la rapidité avec laquelle s’est effectué ce peuplement n’ait pas d’égal dans le Canada d’alors ! Vers 1668-1669, cette population s’accroît par l’arrivée d’un contingent de Hurons que le harcèlement belliqueux des Iroquois a chassé du Lac Huron puis de l’île d’Orléans…
Sous la conduite du père Chaumonot, ils s’établissent dans le troisième rang de Sainte-Foy. Ce rang est desservi par une longue route rectiligne qu’on appelle la « la route Saint-Michel » : celle-ci parviendra jusqu’à nous sous le nom de « chemin des Quatre-Bourgeois ». Le groupement Huron occupe des terres à la jonction de la route Saint-Michel et de la route du Vallon, à l’emplacement actuel de l’Université Laval. C’est là qu’est édifiée une modeste chapelle qui deviendra, jusqu’à sa destruction par le feu en 1698, un important centre de pèlerinage, puisqu’elle abrite sous son toit une statue miraculeuse expédiée depuis Foy Notre-Dame, près de Dinan, en Belgique. Le jumelage des villes de Sainte-Foy et Dinan, en 1981 rappelle ce souvenir.
En raison du manque de forêt, et du peu d’espace cultivable, les Hurons se font concéder de nouvelles terres à Lorette où ils se rendent vers 1673-1674. La communauté des colons français reste donc seule sur le territoire fidéen.
En 1694, quatre routes relient les habitants de Sainte-Foy à Québec : outre le chemin du Foulon tracé sur la rive du fleuve, il y a la Grande-Allée, la route Saint-Ignace, appelée plus tard le chemin Gomin, la route Saint-Michel et le chemin allant de Québec à Cap-Rouge, soit le chemin Sainte-Foy d’aujourd’hui.
Source : Société d’Histoire de Sainte-Foy – Textes de : Pierre Lemieux, historien, Yvon Fortier, historien, et Gilbert Gosselin.