Fille de feu Bernard (écuyer et gentilhomme de la Chambre du roi) et de feue Suzanne Lesellier, de la paroisse Saint Barthélémy, V. et archevêché de Paris en île de France.

Arrivée en 1663, apportant des biens estimés à 600 livres. Émigrée en 1676. Décédée en France après le 16-10-1709. Elle savait signer.

Mariage : le 24-10-1663, à Québec, avec Jacques Fournier, sieur de la Ville (habitant, écuyer, capitaine pour le service du roi au fort Saint-François-Xavier en 1673), né vers 1631, décédé entre le 19-11-1683 et le 29-07-1688. Il savait signer. Contrat de mariage le 30-09-1663 (Filion). Ménage établi à Sainte-Foy. Ils auront cinq enfants.


« De mon vivant, j’étais une sacrée femme! J’avais tout pour l’être. Mes parents étaient du monde bien. C’est à 20 ans orpheline, avec les forces héritées d’eux, que je m’exilais avec courage. Du haut du ciel, je voulais qu’ils soient fiers de leur fille.

En débarquant du navire, à Québec, j’ai remarqué un homme parmi tous ceux qui nous attendaient. Nous nous sommes revus au moment des rencontres officielles. J’ai eu du flair, c’était le fils d’un avocat. Jacques, qu’il s’appelait. Un militaire en plus, Ni l’un ni l’autre n’avions de doute : nous étions faits pour vivre ensemble.

Nous nous sommes installés sur une terre avec des bâtiments dessus, dans la région de Québec (À Sainte-Foy, au fort Saint-François-Xavier, dans l’actuelle paroisse de Sainte-Ursule).

Je ne connaissais rien aux bêtes à cornes, au défrichage, aux semences, aux récoltes. J’ai appris. Mon Jacques était vaillant. C’est là que j’ai élevé nos cinq enfants, Marie-Louise, Claude, Catherine, Jean-Baptiste et René-Louis. Je n’aimais pas tellement la ferme. Jacques m’avait signé une procuration et je l’ai souvent utilisée pour le représenter devant la justice. Je me débrouillais bien, mieux que lui. Et j’aimais ça. Une soixantaine de fois je suis allée défendre des causes pour mon mari. Je me suis même présentée devant le Conseil souverain, une dizaine de fois.

Ça ne m’empêchait pas d’être une bonne mère. Ma première fille, Marie-Louise a bien tourné, elle est entrée chez les religieuses. Et y est restée toute sa vie, jusqu’à 85 ans. Ma Catherine, elle, a épousé un veuf, un marchand avec beaucoup de bien qui avaient déjà sept enfants. Elle en a eu huit autres avec lui et morte à 84 ans. Quant à mon au petit dernier René-Louis, il a fait une carrière militaire et est mort vieux lui aussi. Nous étions faits forts dans la famille.

Je suis contente de la vie que j’ai vécue. J’ai utilisé les talents que j’avais. J’ai fait honneur au Dufiguier. »

Source : Société d’histoire des Filles du Roy – Hommage aux Mères de la Nation. 1988 p.18