Le programme des « Filles du Roi », initié par le roi Louis XIV, avait pour objectif de corriger le déséquilibre entre les sexes en Nouvelle-France, une colonie principalement peuplée d’hommes, comme les soldats, les commerçants de fourrures et les missionnaires. Entre 1663 et 1673, environ 800 jeunes femmes, majoritairement issues de milieux modestes, furent recrutées pour immigrer dans la colonie. Le roi finança leur passage et leur offrit une dot pour encourager le mariage et la formation de familles. Ces femmes étaient soigneusement sélectionnées, souvent sur la base d’une lettre de recommandation de leur curé, garantissant leur bonne moralité et leur santé.
À leur arrivée, les « Filles du Roi » s’intégrèrent rapidement à la colonie, environ 80 % d’entre elles se mariant dans les six mois. Leur présence contribua considérablement à la croissance de la population et à la formation d’unités familiales stables. Ce programme fut un grand succès, comme en témoigne le fait que, en moins de dix ans, la population de la Nouvelle-France avait plus que doublé. Aujourd’hui, on estime que deux tiers des Canadiens français peuvent retracer leur ascendance jusqu’à ces femmes pionnières.

Les Filles du Roi (ou « Filles du Roy ») constituent un groupe de jeunes femmes envoyées en Nouvelle-France entre 1663 et 1673 dans le cadre d’un programme parrainé par le roi Louis XIV. L’objectif de ce programme était d’accroître la population de la colonie, qui manquait alors cruellement de femmes, afin d’encourager le développement familial et stabiliser la population.
Contexte historique
La Nouvelle-France était une colonie jeune et en grande partie habitée par des hommes, notamment des soldats, des colons, des commerçants de fourrures et des missionnaires. Le faible nombre de femmes rendait difficile la fondation de familles, un problème qui menaçait la croissance démographique de la colonie. Pour y remédier, Louis XIV initia le programme des Filles du Roi, où la couronne prenait en charge le coût de la traversée de l’Atlantique et offrait une dot à ces femmes pour les encourager à se marier rapidement.
Sélection et voyage
Les jeunes femmes choisies étaient majoritairement d’origine modeste, souvent issues de zones rurales ou orphelines. La plupart d’entre elles avaient entre 16 et 25 ans. Pour s’assurer qu’elles étaient en bonne santé et de bonne moralité, une lettre de recommandation de leur curé était souvent exigée. Le voyage en Nouvelle-France n’était pas sans danger : il pouvait durer plusieurs mois, et les conditions à bord étaient souvent difficiles.
Impact sur la colonie
À leur arrivée, les Filles du Roi étaient généralement mariées dans les six mois, et leur arrivée marqua un tournant dans la structure familiale et démographique de la colonie. La majorité de ces femmes s’adaptèrent à la vie dans ce nouvel environnement, contribuant activement à la société agricole et à la croissance des familles.
Le programme fut un succès à long terme : la population de la Nouvelle-France doubla en seulement dix ans. Les descendants des Filles du Roi jouent aujourd’hui un rôle important dans l’héritage familial des Canadiens français. Il est estimé que plus des deux tiers des Québécois peuvent retracer une partie de leurs ancêtres à ces femmes pionnières.
Héritage culturel
Les Filles du Roi sont devenues des figures importantes dans l’histoire canadienne-française et québécoise, symbolisant la persévérance et la contribution des femmes à la fondation de la société canadienne moderne.
Humbles « filles à marier » à leur arrivée en Nouvelle-France, maintenant reconnues comme Mères de la Nation !
Le point de vue de la Société d’histoire des Filles du Roy
On peut se demander avec raison ce qui a bien pu se passer pour expliquer ce retournement majeur.
Je dirais que c’est le résultat d’une séquence de trois événements. D’abord, nous avons organisé un Colloque sur les Filles du Roy en 2008, lors du 400e anniversaire de la ville de Québec. Étonnamment, plus de 400 personnes y ont participé alors qu’on nous disait que l’histoire n’intéressait personne. Il faut mentionner qu’Yves Landry, démographe et historien actuel des Filles du Roy, figurait en bonne place au programme.
Puis, nous avons fondé la Société d’histoire des Filles du Roy (SHFR) en 2010, année au cours de laquelle on remarqua notre kiosque pendant les Fêtes de la Nouvelle-France, toujours à Québec. Nous y participons fidèlement depuis ce temps.
Enfin, notre société a travaillé très fort pour organiser en 2013 les commémorations de l’arrivée du premier contingent de Filles du Roy en face de Québec. Il y avait alors 350 ans que les 36 premières Filles du Roy avaient courageusement décidé de traverser la grande mer, de s’y marier et de peupler la colonie qui en avait terriblement besoin. Nous y avons mis toutes nos forces et avons alerté toutes les sociétés d’histoire et de généalogie des villages et villes se trouvant le long du fleuve, là où les Filles du Roy s’installèrent, du Bas-Saint-Laurent à Lachine, afin qu’elles puissent mettre l’épaule à la roue. Comme un grand branle-bas de combat! Des activités multiples, des conférences, le recrutement de femmes acceptant d’incarner chacune des 36 filles du Roy du premier groupe, une douzaine de formations à leur intention, l’organisation d’un voyage de mémoire sur les traces de nos ancêtres femmes dans plusieurs régions de France et, au retour, un voyage en voilier sur le grand fleuve, de Rimouski à Montréal. Avec des arrêts d’un à plusieurs jours, à Tadoussac, l’Ile d’Orléans, Québec, Trois-Rivières, Sorel et Montréal. Notre unique but à ce moment-là : parler d’elles et les faire connaître. Faire connaître leur véritable histoire. Faire tomber ces vieux préjugés accrochés après elles comme des chardons des champs, encore au XXIe siècle. Avec fierté, les faire reconnaître comme nos premières grand-mères! Et ce, pendant les douze (12) mois de 2013.
Depuis 2013, nous poursuivons avec vigueur le travail sur le terrain. Des conférences, la fabrication d’un magnifique coffret souvenir des commémorations de 2013 (multimédia), des présentations de documentaires, des participations à diverses activités à saveur historique organisées dans toutes les régions du Québec par les associations de famille et les sociétés d’histoire et de généalogie. Nos formations annuelles de « jumelées »[1] depuis 2013, nous ont permis de former à date 86 femmes. Des jeunes et des moins jeunes. Qui, si elles ne sont pas passionnées d’histoire en commençant, le deviennent en cours de route! C’est notre histoire et elle est passionnante! Par la suite, elles se transforment en autant d’ambassadrices dans leur milieu de vie ou de travail.
Nous commencerons une série de 5 formations de jumelées à Montréal dans quelques jours (le 24 septembre) et, au début de février 2017, nous débuterons une cinquième série de formations à Québec. Nous entendons participer activement aux célébrations du 375e de Montréal en 2017. Les soixante-douze (72) Filles du Roy de Montréal seront là pour célébrer l’histoire de cette ville qu’elles ont contribué à faire grandir!
Danielle Pinsonneault
[1] Nom donné aux femmes qui veulent incarner une Fille du Roy, suivent les formations requises, cousent leur costume du XVIIe siècle et s’imprègnent complètement de l’histoire de ces femmes et du siècle dans lequel elles ont vécu.
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